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La maison du jeu plat
et de la spirale fermée
Déambulation imaginée autour du travail de l'architecte Clément Berton, à l'occasion de son exposition personnelle, Huit temps, au Lieu Minuscule à Reims, 2018.

Au crépuscule le chat entre par le velux. Il s'assied sur le clavier de mon ordinateur, indifférent à mon travail. Je devine à son air innocent qu'il a encore fait une connerie. Il me regarde, ferme lentement les yeux, les rouvre. Il sait que je sais. Il sourit. Je soupire. Je vais chercher une tablette de chocolat dans la cuisine. Je me déshabille pour faire diversion et je rejoins la terrasse de mon voisin en passant par le chéneau. Là dehors, la soirée est moins avancée que dans mon appartement. Le soleil donne encore. Je comprends pourquoi mon chat préfère chier ici que dans sa litière. (...)

 

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Famous Blue Raincoat
Correspondance imaginée à partir de la collection de photos trouvées de Morgan Dimnet, publiée dans une micro-édition sérigraphie dans le cadre d'une exposition au Monde Moderne à Lille, 2015.

Ma chère Bettina,

 

Il me semble avoir passé tout l'été à t'attendre. Comme tous les étés depuis tant d'années, d'ailleurs. Cette fois non plus tu n'es pas venue. J'y croyais pourtant plus fort que d'habitude.

 

C'est une chance de t'avoir connue uniquement en été. Tu hantes tous mes étés, c'est sûr, mais aux autres saisons tu me laisses tranquille. Je n'ai pas d'image de toi en automne, à part peut-être le fameux ciré bleu que tu portais les jours de pluie. Tu l'as oublié. Il est toujours dans le placard de l'entrée. J'ai essayé de le mettre mais il est trop petit pour moi. T'irait-il encore ? As-tu changé ? Te reconnaîtrais-je ? J'aurais tellement aimé que tu me mettes à l'épreuve en apparaissant à l'improviste, petite poupée sur le ponton avec juste quelques affaires jetées à la va-vite dans un sac marin. Dès qu'un bateau s'approchait, je t'imaginais cachée, allongée au fond, les mains sur la bouche pour ne pas laisser éclater ton rire. Mille fois j'ai cru te voir arriver à travers mon rideau de cheveux alors que je sortais de l'eau. Certaines silhouettes n'étaient pas mal du tout, je dois l'avouer, mais elles n'avaient jamais ton style, jamais la hargne puissante que je percevais derrière la grâce de ta démarche. Ces petits bonbons fondaient sous ma langue quand mon cœur restait de glace. (...)

Contact : celine.luchet(@)proton.me

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