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Strato Castor
Extension d'une maison individuelle à Lille
Dossier de presse pour D'HOUNDT+BAJART architectes&associés

Détourner une maison (comme ils détournent les rivières)

Amoureux de leur quartier, les commanditaires ont préféré agrandir leur maison plutôt que de déménager. Surélevée d'un étage, la Maison Castor se détache d'une rangée de maisons en briques, mitoyennes et symétriques. Comme si elle avait poussé pendant la nuit, elle se retrouve coiffée d'un niveau supplémentaire étonnant, habillé d'un enchevêtrement de tasseaux de bois qui rappelle étrangement une construction animale.

 

La surélévation, élémentaire dans sa géométrie et ses proportions, s'apparente à une maison de Monopoly : quatre côtés, un toit à double pente. Reconnaissable au premier coup d'œil, elle exprime l'image familière de la maisonnette en milieu urbain. Peint en rouge-orange métallisé, l'habillage, comme une superposition de treillages anarchiques, recouvre la construction ajoutée.

 

Perché au-dessus des toits et graphiquement dissocié de l'ensemble, le volume créé donne une impression de légèreté. Brindilles déposées par le vent ou amenées une à une par un animal industrieux, les hachures chaotiques s'arrêtent net dans l'alignement des toits des maisons voisines. La gémellité mitoyenne est perturbée, mais respectée. L'harmonie est rétablie par des rappels de couleur sur les menuiseries et le portillon.

 

« On trouve un roncier de ce genre en amont de la maison Stamper, un fourré si épais, si enchevêtré et embroussaillé, que même les ours le contournent : autour des os couverts de mousse laissés par les cerfs et les élans qui se font piéger lorsqu'ils tentent de s'y frayer un passage, se dresse un mur d'épines qui paraît totalement impénétrable. (…)

Quand le soleil de printemps brillait au-dessus du roncier, la lumière filtrait à travers les feuilles, assez pour que Hank y voie clair, et il passait des heures à quatre pattes, explorant les passages praticables. »

Ken Kesey, Et quelquefois j'ai comme une grande idée, Monsieur Toussaint Louverture, p. 136.

 

Fantaisie manifeste

Simple surélévation en apparence, la transformation de la maison est une véritable réhabilitation. Vidée comme une coquille, la façade originale est utilisée à la fois comme un socle et un étui qui accueille la nouvelle construction en son sein. La structure intérieure offre une isolation optimisée pour une meilleure performance énergétique. L'effet protecteur donné par l'enveloppe de l'extension est ainsi répercuté sur toute l'habitation.

 

La surélévation comporte deux ouvertures en façade. Une baie bien dégagée permet de capter un maximum de luminosité, tandis que les tasseaux débordent sur l'autre fenêtre et la masquent aux regards indiscrets. De l'intérieur, les habitants profitent jour après jour de l'infinie variation de la lumière, comme filtrée par des branchages.

 

Tout en contrastes, la Maison Castor offre un mélange subtil entre végétal et minéral, animal et citadin, personnel et collectif. Elle apparait en totale opposition au contexte urbain : un environnement sans superflu, où l'habitat est strictement fonctionnel. Elle est aussi à contre-courant de la tendance actuelle, qui consiste à surélever en posant un parallélépipède minimaliste sur l'existant. De la part des commanditaires comme des architectes, la Maison Castor est un geste de poésie et de fantaisie, une prise de position, une marque de générosité. C'est une proposition légèrement absurde pour agrandir son nid.

Contact : celine.luchet(@)proton.me

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