Céline
Luchet
Rédactrice,
auteur
et un peu critique
Le Paongolin est le projet lauréat du concours pour la construction du groupement scolaire Claude Bernard à Villeneuve d’Ascq.
Un paongolin est un animal imaginaire, hybridation entre un pangolin, curieux animal à carapace, et un paon, oiseau au plumage merveilleux. Repère dans la ville comme dans la vie, une école se doit d’être impressionnante. C’est pourquoi nous avons imaginé un bâtiment à la personnalité forte, marqué par une entrée spectaculaire, qui évoque la tête d’un animal s’avançant sur le parvis pour accueillir les enfants.
La notion de protection est au cœur de notre projet. Lové dans une colline, le bâtiment forme une boucle quasi fermée, dont la cour occupe le centre. Les façades extérieures figurent une carapace blanche et s’intègrent sans faute dans le paysage urbain. En contraste, les façades donnant sur la cour apportent plus de douceur. Destinées au public enfantin, elles sont très colorées, en bois peint de motifs inspirés des plumes de paon.
Dialogue avec le paysage
Née du relief et du caractère arboré du terrain existant, l’école est en interpénétration avec la colline, dans laquelle elle est nichée mais dont elle semble vouloir s’extraire. Des volumes minéraux émergent en contraste de l’écrin de verdure pour venir chercher la lumière, comme s’ils avaient poussé la terre par en-dessous. Certaines toitures sont végétalisées, on trouve un potager sur le toit, et des patios plantés ponctuent les couloirs pour un apport à la fois végétal et lumineux au cœur du bâtiment. La nature est présente autour de l’école, dessus et dedans.
Le temps scolaire offre ainsi l’occasion de sensibiliser les jeunes générations à la valeur de l’environnement et de la nature, sources d’inspiration, de calme et de joie intérieure.
Trame constructive, trame narrative
Les matériaux et la systématisation de la trame constructive permettent la préfabrication d’une grande partie d’éléments, pour une mise en œuvre et une construction rapide.
Pour dessiner le squelette du groupe scolaire, nous avons imaginé le déroulement d’une journée d’école. L’articulation des différents espaces est définie par cette logique. Les transitions soignées permettent des circulations fluides et la mise en condition pour changer d’activité. L’ambiance de chaque lieu est propice à son usage : apprentissage, concentration, restauration, jeu, détente.
Respect du programme et volet complémentaire
Notre projet, dans son ensemble, est conforme au programme. Nous avons cependant pris des libertés justifiées par un apport de valeurs comme de confort, qui contribuent à faire de ce bâtiment un véritable outil pédagogique, voire civique.
Par la création de gradins dans le volume incliné de l’entrée, nous avons donné au hall principal une dimension supplémentaire, propice à la vie sociale, aux échanges, réunions et représentations. De simple lieu de passage, le hall acquiert de multiples fonctions. La possibilité d’appropriation de cet espace pourra renforcer le sentiment d’appartenance des enfants comme des parents à l’institution scolaire.
Enfin, le choix d’un étage réservé aux enseignants permet de libérer plus de place au sol pour la cour, tout en leur offrant un espace privilégié, permettant à la fois tranquillité et surveillance.
Destinée à un jeune public et un usage scolaire, l’architecture que nous avons imaginée répond parfaitement à son usage, en termes de confort comme de sécurité. Pour autant, nous n’avons refusé ni le beau, ni le jeu, facteurs essentiels du développement et de l’apprentissage.