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La vie sauvage
Exposition collective organisée par La Fougère Noire au 9 rue des bouchers à Lille, 2016

La vie sauvage est une exposition de la Fougère Noire, visible à la Galerie 9 du 30 septembre au 30 octobre 2016. Amélie Boissel, commissaire de l'exposition, s'est intéressée aux différents regards sur l'animalité portés par les œuvres d'Aurore Garnier, Nathalie Harvey, Grégoire Motte, Eléonore Saintagnan et Noémie Sauve.

Pas question ici de la bête couchée à nos pieds, mais plutôt de celle qui nous habite et nous hante.
Tour à tour protecteur, menace, proie, objet, projection de nos fantasmes ou de nos bas instincts, l'animal nous grandit, nous augmente, nous libère. Il permet d'exprimer quelque chose de plus grand que soi.

" Toute la nuit cette chouette ne cessa de chasser depuis son perchoir sur la tente. Je ne voyais pas seulement ses pattes quand elle revenait se poser  ; j'imaginais ce qu'elle faisait quand elle n'était pas là, volant entre les arbres, voyant tout. Je chassais avec elle aussi bien que je le pus, là, libéré de mon poids. La forêt brûlait dans ma tête. "
James Dickey, Délivrance, Gallmeister, 2015, p. 104.

Aurore Garnier développe un travail récurrent avec des animaux empaillés ou artificiels, qui met en question la réification de l'animal. Son installation La Chasse présente un chevreuil naturalisé, dont la tête est étrangement enveloppée de laine rouge sang. De cette tête ainsi aveuglée, la laine part en faisceau pour tapisser un espace au sol, projection de l'âme de l'animal, de son mouvement ou matérialisation de son territoire.

L'omniprésence des cervidés dans les mythologies et les contes transparaît également dans les toiles de Nathalie Harvey, où des biches semblent protéger des personnages recroquevillés, des corps imbriqués. L'animal est ici totem, esprit protecteur, guide intuitif. Nathalie Harvey peint essentiellement des portraits de femmes. La présence de la biche suggère à la fois la spiritualité et la traque.

La plupart des œuvres de Noémie Sauve exposées dans La vie sauvage sont issues de sa récente résidence au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris. Réunies sous le titre Domestication VS Pleine Lune, elles laissent percevoir le fantasme du sauvage réapproprié dans nos objets fonctionnels, où la puissance est revêtue par les ornements à motifs animaliers  : ici, des armes et des couteaux, pics ou griffes acérées aptes à déchirer le corps d'un ennemi. L'idée de domestication tient dans la prise en main de ces armes, qui donnent à voir une tête d'animal sortant du poing, l'emprise sur un animal à nourrir, comme une victoire sur un monde sauvage de plus en plus morcelé et géré par l'Homme.

Dans un registre beaucoup plus léger, Grégoire Motte attaque par l'absurde notre rapport à l'animal. Son Nu caritatif le met en scène dans une posture sexy, détournement des campagnes militantes où des stars féminines posent dignement «  plutôt à poil qu'en fourrure  », souvent accompagnées d'un animal vivant. Ici, l'artiste s'expose à quatre pattes avec des renards empaillés. Brouillant les pistes d'une éventuelle cause à revendiquer, il les revendique toutes.

Elément d'un travail d'ensemble sur la féralité – ou retour à l'état sauvage – d'animaux délocalisés (comme les perruches à Bruxelles ou les hippopotames en Colombie), Grégoire Motte et Eléonore Saintagnan ont réalisé Les Bêtes Sauvages. Le film ne sera pas montré dans l'exposition, seulement l'un de ses accessoires  : le moulage d'un pied d’hippopotame monté sur un bâton en bambou, utilisé pour faire des traces dans la boue dans une séquence du film.

Du poil, des griffes, des pattes, des larmes, de l'émotion, de la violence, de la douleur, de la douceur, de la tendresse, de l'étrange, de l'absurde. L'exposition La vie sauvage est à la Galerie 9 du 30 septembre au 30 octobre 2016.


 

Contact : celine.luchet(@)proton.me

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