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Le Filigrane
Requalification d'un immeuble en banque et logements à Tourcoing
Dossier de presse pour D'HOUNDT+BAJART architectes&associés

Commandité par un promoteur immobilier, Le Filigrane est la réhabilitation d'un immeuble de la Grand Place de Tourcoing pour l'installation d'une banque et de huit logements. La banque est au rez-de-chaussée et au premier étage en façade, les logements sont au deuxième étage en façade et sur l'arrière de la parcelle. Le défi du projet repose sur son enjeu urbain : donner une réponse architecturale contemporaine qui s'adapte, à la juste mesure, à un environnement complexe construit au fil de l'Histoire.

 

Entrer dans le cercle

 

La Grand' Place de Tourcoing est un ensemble très hétéroclite. Si la notion d'alignement touche à l'abstraction, chaque construction a le mérite de comporter une spécificité. Matériaux, couleurs, niveaux, styles architecturaux... chaque bâtiment est dessiné en indépendance. Rien n'est préfabriqué et des petits détails d'ordre décoratif se détachent, suppléments d'âme en voie de disparition dans les programmes immobiliers contemporains.

 

En plein centre ville, l'emplacement bénéficie d'une belle visibilité. La perspective s'ouvre depuis le parvis de l'église, en passant par les rues piétonnes et les jeux d'eau de la Grand' Place où se déroule le marché plusieurs fois par semaine.

 

« Assise sur le bord elle agitait ses pieds, cela faisait de petites vagues qui s'éloignaient, une série de rides qui traversaient le bassin en gardant un intervalle régulier ; et quand elles rencontrèrent l'autre bord, elles revinrent, en brouillant avec méthode celles qui continuaient de venir. »

Alexis Jenni, La nuit de Walenhammes, Gallimard, 2015, p. 184.

 

Faire peau neuve

 

La façade se définit par un mélange de régularité et de fantaisie : rigueur dans le rythme, fantaisie dans le motif. Les ouvertures de la façade existante ont déterminé la modénature, où les rapports plein-vide ont été conservés. Placée légèrement en retrait, la vitrine de la banque crée un effet de porte-à-faux qui allège l'ensemble.

 

Inspiré des dessins réalisés à la guilloche qui sécurisent les billets de banque, le motif de la façade indique en filigrane l'occupant principal du bâtiment. A la manière des pavages, des panneaux carrés habillent la façade d'une mosaïque originale, entrelacement de fils de béton en rosace déployés autour d'yeux aveugles. La finesse du motif est permise par la technique de fabrication : un béton fibré haute densité, très résistant, ductile et sans armature. Chaque panneau est coulé dans un moule, puis fixé selon la technique de la pierre agrafée.

 

La technique du béton fibré, habituellement utilisée à grande échelle sur des constructions monumentales, est ici mise à profit pour une réalisation plus modeste, grâce à la systématisation des modules et une fabrication quasi artisanale.

 

Disparaissant dans la répétition, le motif de base crée une texture qui peut se répéter à l'infini. Son effet de bas-relief vient déjouer la planéité de la façade, où les éléments naturels, eau et lumière créent une distorsion et ajoutent une profondeur aléatoire. Les ébrasements profonds des fenêtres, en aluminium laqué blanc, soulignent l'épaisseur de la façade.

 

Investir l'enveloppe

 

Le bâtiment d'origine a subi de nombreuses transformations au fil du temps. Au début du projet, la parcelle tout en longueur comportait une imbrication de constructions disparates, tant dans leurs modes constructifs que dans les hauteurs et structures. L'enveloppe existante a été vidée comme une coquille et le cloisonnement intérieur à été entièrement remanié pour optimiser les surfaces et les rendre habitables.

 

En façade comme à l'arrière, les constructions existantes bénéficiaient de larges ouvertures, qui ont été gardées telles quelles pour des volumes lumineux. Pour préserver l'indépendance et la sécurité de la banque, il a fallu imaginer un cheminement original pour l'accès aux logements. Depuis l'entrée située en façade, à droite de la vitrine, un long couloir mène à l'arrière du bâtiment principal. Un escalier monte jusqu'à un patio au premier étage, où une coursive distribue les différents logements.

 

 

A partir d'un bâtiment existant peu malléable, les architectes ont réalisé cette construction inédite adaptée aux usages et aux besoins d'aujourd'hui : une banque avec un espace commercial et des bureaux agréables et fonctionnels, des logements lumineux et bien agencés. Le défi de l'insertion d'un nouveau bâtiment dans un cadre historique marqué est réussi : le Filigrane joue sa partition, ni plus fort ni moins fort que les bâtiments voisins. Seul bâtiment contemporain de la place, il s'inscrit parfaitement dans le contexte urbain et perpétue la tradition du motif. La réhabilitation est un succès.

Contact : celine.luchet(@)proton.me

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